- IBN AL-MUQAFFA‘
- IBN AL-MUQAFFA‘IBN AL-MUQAFFA‘ (714-759)Célèbre prosateur arabe, traducteur d’un recueil de fables indiennes, Kal 稜la wa-Dimna , traduites par la suite dans presque toutes les langues, Ab ‘Amr, et plus tard Ab Mu ムammad, ‘Abd All h Ibn R 拏zbih Ibn D duway dit al-Muqaffa‘, est surtout l’auteur d’essais sur le réformisme politique et administratif de la dynastie abbaside. D’origine persane, il est né à Dj r, l’actuelle F 稜r z b d. Il passe ses premières années en compagnie de son père, fonctionnaire du fisc, qui lui révèle la culture persane. Il part ensuite pour Basra, alors important centre intellectuel, où il entre au service d’une famille arabe, al-Ahtam, qui lui apprend l’arabe selon ses sources les plus pures. À l’âge de vingt ans, Ibn al-Muqaffa‘ commence sa carrière d’écrivain en entrant dans l’administration de ‘Umar Ibn Hubayra, gouverneur umayyade de la province de Kirm n. Après le coup d’État ‘abb side, il entre en contact avec ‘ 壟s Ibn ‘Al 稜, l’oncle des deux califes ‘abb sides as-Saff h et al-Man ル r. Il se convertit à l’islam et devient alors le précepteur des neveux de ‘ 壟s Ibn ‘Al 稜. Malgré cette conversion, l’orthodoxie d’Ibn al-Muqaffa‘ restera suspecte et il se verra toujours reprocher sa sympathie pour la Perse, ce qui n’était pas sans gravité à une époque où des Persans tels que Ab Muslim al- ネur s n 稜, puis les Barmakides devenaient très puissants et nombreux dans un empire arabe naissant.Ces raisons, ajoutées à d’autres facteurs personnels, ne furent pas étrangères à la perte d’Ibn al-Muqaffa‘. Chargé en effet de rédiger l’acte d’amnistie en faveur du frère de son protecteur, amnistie qui devait être accordée par al-Man ル r, Ibn al-Muqaffa‘ mit trop de zèle à vouloir sauver ‘Abd All h Ibn ‘Al 稜: il alla jusqu’à écrire que, si le calife tuait son propre oncle, il courrait le risque «de ne plus être obéi par ses sujets»; il ajoutait que «ses femmes pourraient être considérées comme divorcées et ses esclaves affranchis». Pris de colère, al-Man ル r envoya alors l’ordre secret à Sufy n b. Mu‘awiya al-Muhallab 稜, gouverneur de Basra et ennemi acharné de Ibn al-Muqaffa‘, de faire mourir le coupable. On lui trancha les membres et il fut jeté dans un four brûlant. Si l’on a pu dire que les motifs de la condamnation d’Ibn al-Muqaffa‘ étaient d’ordre politique ou idéologique, c’est que ses écrits, au-delà des réformes immédiates qu’ils préconisaient, pouvaient entraîner un changement des structures de l’État, voire une véritable laïcisation, et servir la cause des maw l 稜 , étrangers ou non musulmans, surtout de ceux qui venaient de l’Iran, et qui étaient redoutés pour leur expérience politique et administrative.Dans sa Ris la fi l- プah ba , Ibn al-Muqaffa‘ attire l’attention du calife sur la nécessité de remédier au désordre judiciaire, dû aux contradictions de la jurisprudence, en créant un ensemble de lois applicables dans tout le royaume islamique et inspirées de la «raison comme guide vers le sens de la justice». Cette dissertation sous forme épistolaire traite aussi de la nécessité de séparer l’armée de l’administration et du fisc: les militaires devraient avoir un code préconisant leurs tâches et bénéficier de traitements perçus à des dates fixes. On a dit que le contenu réformateur de cette Ris la était inspiré des systèmes politique et administratif persans; certains historiens pensent par ailleurs que son auteur n’ignorait pas le Code de Justinien. Ce qui ne fait pas de doute, c’est que Ibn al-Muqaffa‘ appartenait à un mouvement intellectuel qui était conscient du décalage entre la pensée orthodoxe musulmane et les nouveaux besoins socio-culturels d’un empire sans cesse grandissant.C’est dans ses deux Littératures , majeure et mineure, l’Adab kab 稜r et l’Adab ルagh 稜r , qu’Ibn al-Muqaffa‘ paraît le plus clairement prendre son appui principal sur la raison. L’éthique est pour lui une conséquence de la recherche rationnelle, car la «raison discerne le bien du mal». La prose d’Ibn al-Muqaffa‘ constitue un exemple de clarté et de concision qui fut rarement atteint dans la littérature arabe. Et si sa traduction de Kal 稜la wa-Dimna éclipse souvent le reste de son œuvre, il n’en demeure pas moins que c’est grâce à lui que la prose acquit en arabe la même importance que la poésie.
Encyclopédie Universelle. 2012.